Imagine-t-on l’existence des lions, tigres, panthères… qui ne quittent leur cage-remorque de quelques mètres carrés que pour se rendre quelques minutes par jour, à travers une cage-couloir, dans une cage-piste pour faire leur numéro? ” Extrait du rapport Forette présenté en 1998 au Conseil économique et social.

La majorité des adultes et des enfants qui vont au cirque aiment les animaux. Pourtant, c’est la présence des spectateurs – l’achat des billets – qui fait perdurer leur captivité et leurs souffrances. Ce paradoxe s’explique par l’ignorance du public des conditions de vies des animaux.

La négation des besoins physiologiques

Depuis plus de 40 ans les pays scandinaves ont interdit les animaux sauvages dans les cirques, l’Inde et l’Autriche s ‘apprêtent à faire de même parce que le cirque ne peut offrir aux animaux un espace (en moyenne dix fois moins grand que dans un zoo !) et des conditions de vie compatibles avec leurs besoins physiologiques. Ceci se traduit par des mouvements stéréotypiques et le développement de pathologies particulières. Dans un cirque, les impératifs biologiques des espèces concernées ne peuvent être respectés (milieu, groupe social, espace, réponse à un stimuli…). Les longs transports en camions mal adaptés (chaleur, exiguïté…) n’arrangent rien. Les animaux sont bringuebalés (chocs, hématomes…) pendant des heures et des jours.
Les accidents sont inévitables : en 1994 à Honolulu, l’éléphante Tyke s’est enfuie après avoir blessé un gardien et tué un dresseur. Elle ne s’est effondrée, couverte de sang, que sous la 86ème balle de la police !

En 1998 en banlieue parisienne, l’ours brun Tibor, 21 ans et 300 kilos, du cirque de Laponie, est sorti de la piste en provoquant une panique générale, blessant une petite fille. Des spectateurs ont déposé deux plaintes, l’une pour défaut de sécurité, l’autre pour mauvais traitements envers l’animal. En 1999, la girafe du cirque Arlette Grüss est morte dans un accident de camion, l’éléphant d’un cirque Zavatta est mort d’un crise cardiaque. En 2000, un lion et un cheval du cirque franco belge sont morts après leur évasion.

L’illusion du dressage en douceur

L’animal est utilisé par des circassiens dont le talent n’est pas à la hauteur des vrais artistes du cirque. Ces numéros sont d’autant plus contestables que le dressage est en opposition totale avec les activités normales de l’animal (éléphant sur les pattes avant, singes en tutu.) Les méthodes dites ” douces ” de dressage montrent vite leurs limites, comme en témoignent certains dompteurs :

On torture les animaux à des fins lucratives. On les dresse à lever une patte, à sauter dans un cercle. Le public applaudit une fois, deux fois, puis après il se lasse. Il faut trouver mieux chaque fois. C’est la compétition pour de l’argent, c’est l’escalade vers l’horreur…” (Paul Leroyer, ancien dompteur)

…le chien qui fait le saut périlleux accomplit un exercice qui fut imposé à dix autres chiens peut-être avant lui, à dix autres chiens, dont la colonne vertébrale, moins résistante, s’est brisée… ?. ” (Paul Reboux)

Tirer de temps à autre un petit bout de sucre de votre poche, l’offrir à grignoter : votre élève donne une excellente impression au public. Il se persuade que le sujet prend plaisir à exécuter un numéro, qu’il est câliné et dorloté par un maître du soir au matin, et qu’il aime ce maître, à en mourir. Ce sont là des trucs nécessaires pour dissimuler les cruautés du métier. Si on se doutait de celles-ci, tous nos numéros seraient interdits “. ( Harry Collins, dresseur)

De l’anti-pédagogie

Une triste vitrine néocolonialiste perdure sous les chapiteaux, où l’exotisme (chameau, éléphant, lion…) se soumet face au dompteur et au spectateur. Que perçoit l’enfant de la leçon ethnocentrique que proposent les cirques ? Les écoles ont-elles le droit de soumettre l’enfant à une telle présentation ? One Voice en doute. Le mélange d’espèces de milieux différents, la présentation dans des postures inadaptées, dans un milieu artificiel et une relation ‘animal-humain’ faussée donnent à l’enfant une vision erronée du monde animal.

Un vide juridique

De nombreux cirques ne sont pas en règle pour les certificats de capacité et avec la Convention de Washington. Ils détiennent illégalement des animaux (Amar, C.Grüss, plusieurs Zavatta…). Conformément à l’article 211 du code rural, un maire peut refuser l’installation d’un cirque détenant des animaux d’espèces non domestiques considérées comme dangereuses, et fonctionnant irrégulièrement. Ce texte mis à part, il n’existe quasiment aucune législation spécifique aux animaux de cirques, One Voice travaille afin de combler le vide juridique dans ce domaine.

Propositions

One Voice demande que l’exploitation des animaux dans les spectacles itinérants soit abandonnée au profit d’un véritable art circassien, respectueux de la vie. Cette mesure aurait pour intérêt de:

  • Ne plus cautionner l’exploitation et la maltraitance animales et les cirques dans l’illégalité.
  • Promouvoir les ” cirques nouveaux ” sans animaux, plus riches en créativité.
  • Promouvoir une éducation respectueuse, où l’enfant découvre l’animal dans son milieu naturel.
  • Ne plus prendre le risque d’accidents avec les animaux.

L’abandon de l’utilisation de l’animal dans les cirques pourrait se faire dans un premier temps par :

  • L’arrêt de l’importation et de la reproduction des animaux concernés.
  • Le replacement progressif des animaux dans des refuges habilités.
  • La mise en place d’un programme de reconversion des spectacles utilisant des animaux vers des spectacles sans animaux (avec subvention à la reconversion).

Il est de notre devoir de poser un regard nouveau sur l’animal de cirque à la fois vedette et victime. Pour lutter efficacement contre cet esclavage, One Voice vous invite à ne plus aller voir les spectacles utilisant des animaux, et à privilégier le nouveau cirque (Cirque du soleil, cirque Plume, cirque Imagine…) qui allie beauté du spectacle et respect de la vie de façon éclatante.