Mardi 31 octobre, 3 lions détenus par un cirque, Nalla, Djunka et Shada, ont commencé un long voyage vers l’Afrique du Sud et une retraite bien méritée. Les conditions dans lesquelles nous les avons trouvés ont accentué notre inquiétude pour les autres animaux du cirque ainsi que pour la sécurité du public.

Abandonnés

Avertis de la date du transfert des lions, les circassiens ont abandonné la remorque et ses pensionnaires sur un terrain ouvert, au bord d’une route. Les lions y étaient enfermés dans le noir et sans surveillance, entièrement accessibles par les badauds. Rien n’aurait pu empêcher un enfant d’ouvrir la remorque, comme nous l’avons fait, et d’essayer de caresser un lion, avec les conséquences dramatiques que cela aurait eu…

Un comportement révélateur

A l’ouverture de la remorque, heureux d’avoir enfin un peu de lumière, les lions se sont étirés comme tout félin qui se réveille. Shada était particulièrement nerveuse et tous les trois ont très vite entamé une série de mouvements stéréotypés, tournant dans les quelques m² (à peine plus de 3m² chacun) à leur disposition… Pour pouvoir ouvrir complètement la remorque, il a fallu la déplacer, car un arbre faisait obstacle. Depuis combien de temps ces lions étaient-ils dans le noir ?

Endormis

Très vite, les lions se calment d’eux-mêmes, ayant très certainement compris que nous ne constituions pas un danger. Il faut néanmoins leur administrer un calmant avant de les endormir, pour que tout se passe bien. Le vétérinaire utilise une sarbacane et il faut distraire Djunka avec une baguette car il a bien compris que cet instrument était dirigé contre lui… L’anesthésie se déroule donc sans difficulté majeure, si ce n’est Nalla qui refuse de s’endormir et à qui il faut faire une injection supplémentaire.

En route !

Une fois endormis, les lions sont sortis de leur cage. Après avoir été examinés par le vétérinaire et après avoir été traités contre les parasites externes et internes, chacun d’eux est placé dans une caisse de transport spécialement conçue. Il rejoindront l’Angleterre dans une camionnette climatisée, d’où ils s’envoleront pour l’Afrique du sud et la réserve de Shamwari qui les attend…

Le sanctuaire de Shamwari en Afrique du Sud

Situé près de Port Elisabeth, au Cap Est de l’Afrique du Sud, Shamwari est une réserve de 20 000 hectares qui a obtenu plusieurs récompenses internationales, en tant que centre de protection et réserve de grands fauves. La Born Free Foundation y a construit un centre spécialisé dans l’hébergement des grands félins. Leur premier sauvetage date de 1995 et concernait deux lions détenus à Ténériffe, qu’ils ont pu libérer grâce à la collaboration des autorités espagnoles.

Aux petits soins jusqu’à la fin

Dans ce sanctuaire les lions vont pouvoir passer une retraite paisible. Chaque félin (ou chaque couple) y profite d’un enclos d’environ 3 acres (12 140 m²). La reproduction y est empêchée, et les animaux bénéficient des soins attentifs de deux soigneurs employés à plein temps. Deux enseignants y ont en charge un programme d’éducation à destination des enfants des écoles locales. Nos trois lions vont donc pouvoir y couler des jours heureux, bien loin des cirques et de leurs remorques inconfortables…

3 de sauvés sur 5

Enfermés depuis au moins 5 ans, ces trois lions ne participaient à aucun spectacle, en dépit de la réglementation en vigueur, et leur propriétaire a accepté de nous les confier. Il a cependant gardé deux autres jeunes lions qu’il utilise, les autorités lui ayant accordé un certificat de capacité pour deux ans, qu’il n’avait pas auparavant !  Mais les lions n’étaient pas seuls. Il y a toujours aussi dans ce cirque d’autres animaux, sauvages et domestiques, vivant des conditions innommables.

Dans d’autres cages

Outre les deux jeunes lions évoqués plus haut, un puma et un léopard vivent également dans des cages aussi petites et nues que celles de Djunka, Nalla et Shada. Un groupe de 5 babouins hamadryas se partage une remorque. Sur le sol, un peu de sciure et quelques branches en guise d’enrichissement. Ils disposent d’une sorte de niche en contreplaqué et en piteux état, de laquelle dépassent quelques clous rouillés… Mais il leur serait impossible de s’y abriter simultanément. Ils n’ont aucun jouet, rien à manipuler, ce qui entraîne stress, ennui, et comportements aberrants… Comme tous les autres animaux de ce cirque, ils exécutent des mouvements stéréotypés, signes d’une immense détresse psychologique. Bien que les babouins soient extrêmement dangereux, leur remorque est à peine protégée du public par une barrière facilement franchissable, et il est facile de glisser son bras à l’intérieur de la cage…

Du traitement des animaux domestiques

On pourrait croire que les animaux domestiques bénéficient d’un traitement de faveur. Loin de là, peut-être parce que leur valeur marchande est beaucoup moins importante, ils vivent en marge des autres animaux, dans des conditions particulièrement choquantes. Là, c’est un chien attaché par une chaîne d’un mètre à peine, sans eau, ni nourriture, ni abri. Ici, on découvre un chiot, sevré visiblement précocement, loin de sa mère et de tous les contacts sociaux indispensables à son bon développement. Il est enfermé dans une caisse de transport, avec quelques pâtes pour nourriture quand il aurait besoin d’une alimentation suffisamment riche pour grandir en bonne santé. Plus loin, 4 chats adultes, efflanqués, sont enfermés dans une cage minuscule, avec une gamelle d’eau à moitié renversée et quelques tissus, rien à manger, et sans bac à litière. Pas de litière non plus pour cette chatte enfermée avec ces deux chatons dans une cage encore plus petite. Impossible donc pour cette mère de se soustraire à l’appétit féroce de ses petits ou de leur apprendre la propreté… Partout, des animaux qui ne vivent pas: ils survivent.

En marge de la loi

Pourquoi les cirques bénéficient-ils de la tolérance des autorités ? Les conditions de détention des animaux des zoos sont étroitement contrôlées, pourquoi pas dans les cirques ? D’autant que même le public n’est pas en sécurité ! De même pour les animaux domestiques, dont les conditions de vie dans ce cirque relèvent du mauvais traitement… Un particulier ou un refuge aurait depuis longtemps été condamné ! Comme pour la corrida, doit-on comprendre que la « tradition circassienne » est suffisante à justifier la souffrance ? Quand, dans le regard d’un chien, pourtant compagnon de l’homme depuis des millénaires, on lit de la résignation, on ne peut se méprendre sur la nature véritable de son propriétaire…

La solution

Pour que les spectacles d’animaux cessent, pour que nulle part on puisse encore impunément maltraiter des animaux, une seule solution : ne plus être clients de ces cirques. En allant une seule fois voir ce type de spectacle, on les incite à recommencer, on leur permet de continuer. Si partout en France, enfants, parents et touristes boudent ces cirques dont les pratiques datent d’un autre âge, alors seulement ils évolueront vers des spectacles sans souffrance, donc sans animaux. Car ne nous leurrons pas, ça n’est pas par amour des animaux que les circassiens  font sauter des lions dans des cerceaux enflammés, qu’ils font marcher des éléphants sur une boule, ou bien qu’ils promènent quelques singes enchaînés, c’est uniquement pour attirer le public et essayer de gagner ainsi plus d’argent…