Samba, une éléphante de 14 ans, est détenue par le Continental Circus. Contrainte d’effectuer un numéro où elle mimait sa mise à mort, elle a été victime de mauvais traitements le 20 mai 2003, de la part de son dompteur. One Voice a porté plainte.

Pour autant que l’on puisse connaître l’histoire de cet animal, elle aurait été capturée au Kenya, après que son groupe ait été tué devant elle. Placée dans une ferme, elle a été achetée par un cirque. Depuis lors, Samba n’a plus jamais été au contact d’autres pachydermes, alors que ces animaux vivent en troupeaux.

Numéro discutable

Samba effectuait un curieux numéro. Chaque soir, ou presque, le Continental Circus représentait sa mort. Le dompteur la frappait, après avoir marché sur les genoux elle était censée s’écrouler, les yeux exorbités. One Voice a filmé cette scène dont vous pouvez voir la vidéo sur ce site. Une vidéo qui montre, notamment, l’emploi d’un « ankus » (bâton avec une pointe acérée).
Le dresseur de Samba reconnaît lui-même que ce tour est « très difficile pour les éléphants. » Selon Martin Saller et Karl Gröning (1998), « le simple fait de s’agenouiller sur les deux pattes représente déjà une forte contrainte pour les articulations et la colonne vertébrale de l’éléphant » (SALLER Martin & Gröning Karl « L’éléphant Mythe et Réalités », Coll. Könemann, 1998).
Les Dr Helmut Pechlaner et Harald Schwammer considèrent que « Ces positions peuvent causer des blessures aux articulations et aux disques intervertébraux des éléphants adultes, ainsi que des fissures dans les ongles. Quant aux exercices d’équilibre, ils peuvent être à l’origine de dérangements moteurs dans les articulations du coude et du genou ».(GSANDTER Mag.Hermann, PECHLANER Helmut Dr., SCHWAMMER Harald Dr,
« Guidelines for the keeping of wild animals in circuses » Bureau du Commissaire à l’environnement de Vienne, 1997.).

Coups de bâton

Le soir du 20 mai 2003, à Rochefort du Gard, Samba a refusé de se plier aux ordres. Son dresseur, furieux, sans même prendre le temps de quitter son costume de scène, armé d’un bâton, s’est acharné à frapper l’animal, prisonnier dans un camion. Les coups ont plu sur ses pattes, son corps, sa trompe, sa tête. Il a fallu les pleurs des enfants et les cris des adultes témoins de la scène pour qu’il cesse. Alertée, One Voice a aussitôt porté plainte auprès du tribunal de Grande Instance de Nîmes. Une plainte accompagnée de témoignages hélas classée sans suite en mai 2004.

Selon la circulaire du 17 janvier 2000 relative au certificat de capacité pour l’entretien d’animaux d’espèces non domestiques, « le certificat de capacité d’une personne responsable de l’entretien des animaux peut être suspendu ou retiré, en application du point V de l’article R.213-4, si son titulaire a fait preuve de carence dans l’entretien des animaux démontrant son inaptitude et jugée suffisamment importante pour qu’il convienne dans un souci de prévention, de lui retirer l’autorisation lui permettant d’assurer la responsabilité de l’entretien des animaux au sein de l’établissement où il exerce ou dans l’autre. » (Circulaire DNP/CFF 2000-1 du 17 janvier 2000 relative au certificat de capacité pour l’entretien d’animaux d’espèces non domestiques)

En conséquence, les 100 000 signataires de la pétition de One Voice demandent au ministère de l’Ecologie de donner l’instruction au Préfet de réexaminer l’attribution du Certificat de capacité du dompteur de Samba au titre de l’article R.213-4 du Code de l’environnement.
One Voice veut obtenir la garde de Samba, afin de la placer dans un sanctuaire qui abrite déjà d’autres éléphants d’Afrique.

Une éducation à la dure

Samba n’est malheureusement pas un cas isolé. Son sort est commun à celui des autres animaux employés dans les cirques. Pour parvenir à obtenir que l’animal exécute un numéro, le dresseur doit le soumettre à sa volonté. Pour cela, l’animal est « cassé » à chaque fois que celui-ci fait un écart. Comme le soulignait Lydia Zavatta à un de nos enquêteurs, cette soumission « ne peut être obtenue que par la peur.»

De nombreux témoignages de dompteurs et de spécialistes du cirque confirment l’usage de la violence dans le dressage. Dans un témoignage accablant le dompteur Vladimir Deriabkine dénonce ces méthodes en ces termes : «vous avez sans doute remarqué que tous les dresseurs d’éléphants, pendant les représentations, ont à la main une cravache de cuir ornée d’une fleur au bout. Le dresseur s’approche de l’animal, fait un geste gracieux de la main et l’éléphant, comme s’il obéissait à la fleur, se dirige gentiment vers l’endroit qu’on lui indique. Mais aucun des spectateurs ne sait que la magnifique rose cache en fait un crochet acéré, qui viendra se planter dans l’oreille de l’éléphant au moindre signe de désobéissance. C’est ainsi dans tous les cirques du monde.»

One Voice confirme à travers ses enquêtes qu’effectivement, des cirques aussi importants qu’Alexis Grüss ou Pinder ont systématiquement ces piques lors des représentations.