Tatcha est née au Zimbabwe dans les années 80. Enlevée à sa famille, elle aura été contrainte aux travaux forcés, dans un cirque, pendant toute sa courte vie. Car pendant le week-end de Pâques, et malgré la détresse de son amie de toujours, Betty, enlevée en même temps qu’elle, Tatcha, à bout de forces, nous a quittés.

L’histoire d’une vie

Tatcha, l’éléphante, n’aura vécu que 23 ans. Le plus terrible est sans doute ces nombreuses années passées enchaînée, à devoir faire des numéros contre-nature. L’Afrique, ses grands espaces, la savane à perte de vue, et la horde d’éléphants, sa famille, sont bien loin. Mais Betty, capturée en même temps qu’elle, est là. Les deux éléphantes sont amies, d’autant plus proche dans la détresse, toutes deux exploitées par le cirque Maximum.

Malade

A son arrivée à Nancy, le 23 février 2006, Tatcha est tombée de son camion de transport. Il aura fallu plusieurs hommes, deux engins, et des cordes pour la remettre debout. Tatcha est très malade. Un article de l’Est Républicain, du 25/02/06, écrit par Alain Thiesse, relate les faits suivants :

« Température proche du 0° C, …sous un chapiteau à l’air libre, un soigneur s’active auprès de deux éléphants. Les pachydermes font une razzia sur le foin qui leur est proposé.
Enfin, un seul a vraiment la force de manger. L’autre, une femelle de plus de 20 ans originaire d’Afrique, vacille sur ses pattes comme la flamme d’une bougie qui ne va pas tarder à s’éteindre. L’animal semble très mal en point. ‘Elle a des problèmes de muscles et de cœur ‘assure un employé du cirque. ‘Elle a reçu tous les médicaments possibles mais rien n’y fait. Mais ne parlez pas de tout cela…’La bête, fortement amaigrie, a un œil fermé. Du sang séché est visible sur son oreille et sa mâchoire. Elle n’a plus de défenses ‘Elles se sont cassées quand l’animal est tombé’. Apparemment, depuis plusieurs semaines, Tatcha est abonnée aux chutes. Trop faible. »

Des témoignages éloquents

Des nancéens ont également témoigné. Le premier, s’est rendu place Carnot, où s’est installé le cirque Maximum, le 24 février. Sous une grande bâche, ouverte au froid, il a pu observer Tatcha et Betty. Il écrit : « les 2 éléphantes se dandinaient d’une patte sur l’autre, avec des mouvements mécaniques, oscillant sur leurs jambes. L’une d’elles était dans un état pitoyable : du sang sur la tête, à la jointure, sur le côté, au niveau d’une de ses pattes, des orbites toutes noires, des défenses cassées, un corps tout déformé, rempli de traces suspectes, un corps tout tordu de souffrance.»

Le second, membre de One Voice, tient les même propos, décrivant l’état pitoyable de Tatcha, le 27 février : « La pauvre bête vacille sur ses pattes, des plaies sont visibles sur diverses parties du corps, l’avant de la tête est maculé de sang séché. Son corps semble déformé »…

La DSV intervient

Une femme alertée par l’état de Tatcha, contacte la DSV. Mais cette dernière n’a pas pu prendre conscience du problème. Elle n’a pas vu la même chose, où on ne le lui a pas montré… Deux contrôles ont été effectués en février 2006. Le premier a été réalisé le jour même de la chute de Tatcha, dont l’état a immédiatement inquiété le vétérinaire. Mais le cirque Maximum a des arguments. Tatcha est malade depuis longtemps et est suivi médicalement. Quand le vétérinaire revient, quelques jours plus tard, il constate que Tatcha va mieux, de même que Betty que la chute de Tatcha avait beaucoup stressée. Un troisième contrôle aura, malgré tout, lieu début mars. Cette fois, les éléphantes sont sous un chapiteau chauffé et semblent être bien traitées. Deux vétérinaires prescriront tout de même un nouveau traitement à Tatcha.

Un 'Maximum' de souffrance

Ce qu’on laisse voir à un quidam, même derrière des barrières, on s’applique à le cacher aux autorités. Après ces trois contrôles, mais un mois plus tard, des sympathisants observeront les éléphantes enchaînées, avec des attaches sans protections… Nous avons également reçu de nombreux témoignages, comme quoi les éléphantes étaient frappées, régulièrement, sans raison, simplement pour qu’elles aient peur de leur dresseur et empêcher ainsi toute révolte. Malgré cela, un journaliste, resté anonyme, écrira : «les responsables du cirque [Maximum] respectent les normes en matière d’hygiène, de confort, et de sécurité. Tous en piste!»

Pas de répit

Il n’est pas bon être malade dans un cirque. Certes, Tatcha ne participe plus au numéro, elle reste seule dans la remorque, tandis que Betty travaille. Toutefois, elle est bien obligée de ‘suivre’ le cirque… Alors comment se reposer quand on doit sans arrêt faire des kilomètres dans une remorque inconfortable, pour de temps en temps faire une halte, sous un chapiteau qui l’est à peine plus ? En un peu plus d’un mois, son dernier mois, Tatcha aura ‘visité’ Saint Dizier, Chalons en Champagne, Soissons, Villers-Cotterêts, Noyon, Le Havre, Lisieux, Saint Romain de Colbosc, Yvetot, Forges-les-Eaux, puis Dieppe. Aucune des DSV des différents départements impliqués, contactées par One Voice, n’aura jugé nécessaire de stopper le transport de Tatcha. Quant au cirque, pas un instant il n’a envisagé de laisser Tatcha se reposer. Pourtant, quel est l’intérêt de transporter un éléphant malade, incapable de faire son numéro ?

Dieppe dernière étape

C’est à Dieppe que le voyage de Tatcha s’arrête enfin. Le dimanche de Pâques, le 16 avril, au petit matin, c’est le camion de l’équarrissage qui l’emporte. Tatcha ne souffre plus. Elle a perdu la vie, malgré la mobilisation de ceux qui étaient témoins de sa souffrance. Reste Betty. Seule. Pour un éléphant il n’y a pire torture que la solitude. Mais pour Betty c’est pire encore. Depuis plus de 20 ans, elle avait Tatcha à ses côtés, Tatcha qui, comme elle, avait connu l’Afrique. Aujourd’hui, il ne lui reste que ce vide, immense. Les éléphants sont des êtres extrêmement sensibles. Ils ont une compréhension toute particulière de la mort, et les liens sociaux qu’ils tissent avec leurs congénères sont extrêmement forts. Alors, pour que Betty n’ait pas la même fin terrible que sa compagne, pour qu’elle bénéficie de soins réellement adaptés, pour qu’elle puisse finir dignement son existence, mobilisons nous. Mobilisons nous pour qu’elle ne soit plus l’esclave d’un cirque irresponsable vis-à-vis des existences qu’il exploite. Mettons tout en oeuvre pour qu’elle soit confiée à un parc, qui saura, à défaut de la liberté, lui offrir des conditions de vie acceptables, et surtout… une nouvelle famille éléphant.

Agir: Un avenir pour Betty

Pour un avenir décent, pour que stoppe la souffrance, One Voice demande à ce que Betty soit confiée à un parc membre des EEP (Plan d’Elevage Européen) Eléphant d’Afrique. Elle propose de prendre en charge l’intégralité des frais inhérents à son transfert.

Pour nous soutenir, vous pouvez écrire courtoisement à Madame la ministre de l’Ecologie, en lui demandant la libération de Betty.

Ne laissons aucun éléphant vivre seul. Soutenez également notre campagne pour la libération de Samba.